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Jeannot pendant la guerre - Dans la prison

Une semaine à peine après le départ de la chère petite soeur, en hâte la maman de Jeannot doit déménager dans les Cévennes avec ses deux garçons. Il est prudent de s'éloigner des grandes villes qui risquent d'être occupées bientôt.

Partout ce n'est que tristesse, inquiétude et souffrance. Sans nouvelles de son mari, Lydie est anxieuse. Pourtant elle continue de penser aux autres.

Tout près du lieu où elle s'est réfugiée avec ses enfants se trouve une prison. On en a fait un camp de prisonniers politiques. On se méfie de ces gens. Laissés en liberté, ils causeraient peut-être du tort à la France en travaillant secrètement au profit de l'envahisseur. Alors on a préféré les arrêter tout de suite. Ils restent là, sous bonne garde.

Un jour, Lydie se présente à l'entrée du camp. Elle désire apporter quelques évangiles à ces hommes qui ont le temps de réfléchir, et qui doivent aussi avoir besoin de réconfort.

– Bon! lui dit-on après bien des hésitations, on va vous conduire dans une grande pièce où sont réunis quelques prisonniers. Entrez.
Dans les sombres couloirs de la prison retentissent les pas de la sentinelle qui précède cette étrange visiteuse. Soudain, on s'arrête. Un cliquetis de clés, une lourde porte qui s'ouvre, puis se referme sur elle... la voilà introduite auprès des prisonniers. Ils sont tout d'abord surpris. Mais en réalité leur accueil est glacial.
– Non, Madame! dit un homme au regard très dur. Si vous étiez à ma place, vous ne pourriez pas croire qu'il y a un Dieu. Voyez-vous, je suis père de famille, moi, et je viens... de perdre ma fille.
Avec calme et conviction, la visiteuse répond:
– Je suis mère, Monsieur! Comme je comprends votre souffrance. Il y a exactement huit jours que notre toute petite a été enterrée. Et mon mari, soldat, est bien loin de nous!
– Vous croyez qu'il y a quelque chose après la mort, vous? Non, non! reprend le prisonnier, tout est fini pour votre enfant! Et l'homme se met à blasphémer, disant d'horribles choses.
– Monsieur! Si le corps de ma petite chérie est détruit, son âme est au ciel, près du Seigneur Jésus. Je sais qu'elle est heureuse, et je sais qu'un jour je la retrouverai. Cette espérance glorieuse pourrait être aussi pour vous!
Le prisonnier se tait. Puis, sans même lever la tête, il tend la main pour prendre l'évangile qui lui est offert.

Depuis deux longs mois, on est sans nouvelles de Jean. Ce silence est troublant. Le soldat aurait-il été envoyé sur le front? On sait par la radio que de violents combats s'y sont déroulés. Serait-il tombé sous le feu de l'ennemi? Bien des questions se posent, mais Lydie évite d'en parler aux enfants. Une nuit, Jeannot se réveille, inquiet. Sans bruit, il s'approche du lit de sa mère: – Tu dors, maman?
– Non, mon chéri!
– Alors je peux venir vers toi! Et sans attendre la réponse, l'enfant se blottit près de sa mère. Il passe les bras autour de son cou, et l'embrasse. Mais...
– Tu pleures, maman?
– ... Ce n'est rien... je pensais à papa! Jeannot fait de son mieux pour consoler sa maman.
– Ecoute, maman! Ne t'en fais pas, papa est sûrement au ciel avec notre petite soeur! Mais moi... je suis là! Et, plein de confiance, l'enfant s'endort.

Trois mois plus tard, Lydie retourne vers les prisonniers. L'un d'eux veut lui parler:
– Madame! Je vous demande pardon! J'ai été dur, l'autre fois... Je n'avais rien contre vous, mais je voulais voir si le Dieu des chrétiens est puissant. Ce qui m'a désarmé, c'est votre calme alors que vous veniez de perdre votre petite. Vous aviez quelque chose de plus que moi, dans l'épreuve. Alors j'ai bien dû reconnaître que le secours de Dieu est vrai. Depuis, j'ai réfléchi. J'ai lu l'évangile. J'ai ouvert mon coeur à Dieu, Madame. Vous voyez, je suis toujours là, mais ma vie a changé. A présent, malgré tout, il y a une grande joie dans mon coeur.

Texte: Samuel Grandjean


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