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Le choeur est menacé

Genovieva 27e épisode

En ce dimanche d'automne, comme chaque semaine les membres du choeur de Sion répètent leur programme. Ce soir ils chanteront en public. Mais il y a un problème...
– Je viens d'apprendre une mauvaise nouvelle, dit Genovieva. Je vous en parle pour que nous puissions prier tous ensemble! Le silence est complet.
– Ce soir, nous aurons la visite d'un fonctionnaire de l'Etat. Il vient de Bucarest. Cet homme de loi est connu de certaines églises du pays. Pendant que les chrétiens étaient réunis, il est arrivé à l'improviste, interrompant la prédication de l'Evangile. Il a fait fermer le lieu de culte. Les scellés ont été mis aux portes. Jusqu'à quand? Personne ne le sait. Ce juriste nous apporte de nouveaux règlements visant à restreindre les activités de notre choeur. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il essaie d'y mettre un frein.

– Que pouvons-nous faire? poursuit Genovieva. Souvent nous avons vu notre Dieu répondre à nos prières. Tous ensemble, nous allons lui parler de cette nouvelle menace. Il peut tout. Souvenons-nous de Saul de Tarse, le persécuteur des chrétiens. C'était leur pire ennemi. Dieu en a fait leur ami... Les temps sont différents. Mais le Seigneur reste toujours le même. Pourquoi cet homme ne serait-il pas touché par nos chants, au point d'en avoir même les larmes aux yeux? Prions!

Dans quelques heures, la soirée commencera. Mais avant d'être devant un auditoire, les chanteurs savent se tenir devant Dieu. Chacun peut lui parler:
– Seigneur, bénis ce juriste, fais de lui un ami!
– Seigneur, qu'il soit touché par nos chants, même jusqu'aux larmes, comme a dit Genovieva!

C'est l'heure. La salle de l'église est bondée. Il n'y a plus une place. Au fond, dans les couloirs, à l'entrée, partout des gens sont debout. Et le juriste? Il est là, assez grand, bien habillé, assis au premier rang. Rien n'échappe au regard des enfants qui ont pris place sur l'estrade: ni son large visage, ni ses traits énergiques, ni sa bouche qui paraît incapable le sourire...

Après l'introduction par le pasteur, le choeur se lève et se met à chanter. Quelle fraîcheur, quel élan dans ces voix!

Ces enfants croient aux paroles qu'ils prononcent. On le sent. Parfois, entre deux chants, un jeune garçon ou une petite fille récite un Psaume. Pendant ce temps, les autres peuvent s'asseoir et reprendre leur souffle. Puis le chant continue, de plus belle.

De leur place sur l'estrade, les jeunes chanteurs lancent de furtifs regards vers le juriste. Il est assis juste en face, visage impénétrable. Si sa bouche ne sait pas sourire, ses yeux ne doivent pas non plus savoir pleurer...

Jeunes et enfants se donnent beaucoup de peine pour bien articuler les mots. Sur leurs lèvres il y a un chant. Mais de leur coeur, une secrète prière s'élève vers leur Dieu tout puissant.

Par moments, pendant qu'elle dirige le choeur, Genovieva se demande ce qui se passe derrière son dos. Chaque fois qu'on arrive à la fin d'un cantique, elle loue Dieu dans son coeur parce qu'on a pu librement chanter toutes les strophes sans une interruption.

On est à la fin du programme. Soudain, l'homme de loi se lève...

Chacun retient son souffle. Va-t-il s'avancer pour prendre la parole? Non! Indifférent comme quand il est entré, l'homme s'en va, sans rien dire. Les enfants sont presque déçus: on n'a pas vu la moindre petite larme sur le visage du puissant fonctionnaire!
– Pourtant... on a prié! souffle un jeune chanteur à son voisin.
– Oui mais... on est peut-être allé trop loin dans nos demandes à Dieu!

Mais avec ou sans larmes, peu importe L'homme de loi est parti. Il n'a pas fait de menaces. Il n'a rien interdit. Quel soulagement! Pourtant Dieu réserve une petite surprise à tous les membres du choeur.

Une semaine plus tard, pour chanter de nouveau, les enfants et les jeunes ont pris place sur l'estrade. Alors un chrétien de Bucarest, en visite ce jour-là dans l'église de Genovieva, demande la parole pour une courte communication.
– J'apporte des salutations à votre église, dit-il, et tout spécialement au choeur de Sion. De la part de qui? D'un juriste de Bucarest. Il était parmi vous la semaine passée. Je l'ai rencontré alors qu'il rentrait de chez vous. Quand il m'a parlé de ce qu'il a vu et entendu, il avait les larmes aux yeux. Voici ce qu'il m'a dit: "Ils chantaient tellement bien, tous ces enfants, et ils priaient tout le temps. Cela m'a beaucoup touché..."

Alors tous les membres du choeur éclatent de joie. Spontanément, ils se mettent à taper des mains. Désormais, tous le savent: Dieu donne quand on demande. Et quand on est précis dans la prière, Dieu se montre précis dans sa réponse.

Texte: Samuel Grandjean


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